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Résumé
En bref
Le Tribunal administratif de Rouen, dans une ordonnance rendue le 7 janvier 2025, a suspendu l'exécution de l'arrêté du préfet de la Seine-Maritime du 21 novembre 2024, interdisant à M. B C l'accès aux stades pour six mois. La décision repose sur l'article L. 521-1 du Code de justice administrative, le tribunal ayant estimé que la condition d'urgence était remplie et qu'il existait un doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté, notamment en raison de l'insuffisance des preuves établissant les faits reprochés. L'État est également condamné à verser 1500 euros à M. C au titre des frais liés au litige.
En détail
Parties impliquées :
Le requérant, M. B C conteste un arrêté préfectoral prononçant une interdiction administrative de stade pour six mois.
Le défendeur est le préfet de la Seine-Maritime.
Problèmes juridiques en jeu :
- La condition d'urgence justifiant la suspension de l'arrêté préfectoral.
- L'existence d'un doute sérieux sur la légalité de l'arrêté, notamment concernant la matérialité des faits reprochés et leur qualification juridique.
Question juridique principale :
L'arrêté préfectoral interdisant à M. C l'accès aux stades est-il légalement justifié au regard des conditions prévues par les articles L. 521-1 du Code de justice administrative et L. 332-16 du Code du sport ?
Exposé des faits et arguments des parties
M. C conteste une interdiction administrative de stade prononcée par arrêté préfectoral le 21 novembre 2024, fondée sur sa prétendue participation à des violences lors d'un match le 23 octobre 2024. Il soutient que :
- La mesure porte atteinte à sa liberté fondamentale d'aller et venir.
- Les faits reprochés sont matériellement inexacts et insuffisamment prouvés.
- La durée de six mois est disproportionnée.
Le préfet argue que :
- La condition d'urgence n'est pas remplie en raison du délai entre la notification de l'arrêté et la saisine du tribunal.
- Les faits reprochés sont établis par des rapports policiers et justifient une mesure proportionnée pour prévenir les troubles à l'ordre public.
Raisonnement juridique du tribunal
- Condition d'urgence :
- Sur le fondement de l'article L. 521-1 du Code de justice administrative, le tribunal considère que la suspension est justifiée lorsque la décision contestée porte une atteinte grave et immédiate à un intérêt public ou privé.
- Le tribunal retient que M. C subit un préjudice grave en étant empêché d'assister aux matchs du FC Rouen, ce qui affecte sa liberté fondamentale d'aller et venir.
- Contrairement aux allégations du préfet, M. C a exercé ses recours dans des délais raisonnables après notification de l'arrêté.
- Doute sérieux sur la légalité :
- L'article L. 332-16 du Code du sport autorise une interdiction administrative uniquement si les faits reprochés constituent une menace grave pour l'ordre public.
- Le tribunal relève que les preuves fournies par le préfet (rapports policiers) sont insuffisantes pour établir avec certitude la participation de M. C aux violences du 23 octobre 2024, notamment en raison d'une absence d'extraits vidéo corroborant son identification.
- De plus, M. C n'a aucun antécédent judiciaire ni historique d'interdictions similaires, ce qui renforce le doute quant à la proportionnalité et à la légitimité de la mesure.
- Décision finale :
- Le tribunal suspend l'exécution de l'arrêté jusqu'au jugement au fond sur la requête en annulation.
- Sur le fondement de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, il condamne également l'État à verser 1500 euros à M. C pour ses frais.
Extrait de la décision :
« Compte tenu du doute sérieux existant sur la matérialité des faits imputés au requérant (...), il y a lieu de suspendre l’exécution de l’arrêté (...) jusqu’à l’intervention du jugement au fond ».
Points importants et répercussions
- Cette décision met en lumière les exigences strictes en matière de preuve pour justifier une interdiction administrative fondée sur l'article L. 332-16 du Code du sport.
- Elle rappelle également que toute atteinte grave à une liberté fondamentale doit être proportionnée et motivée par des preuves solides.
- Enfin, elle souligne que les recours administratifs doivent être traités rapidement pour éviter un préjudice irréversible aux libertés individuelles.
Mots clés
Interdiction administrative de stade, urgence, doute sérieux, article L. 521-1 Code de justice administrative, article L. 332-16 Code du sport, liberté fondamentale, proportionnalité, matérialité des faits, preuve insuffisante, trouble à l’ordre public, frais liés au litige.